Le Son d’Halloween

Oct 31, 2020

Au début des années 90, je me souviens d’un petit reportage sur l’avant-première au Grand Rex d’un film-événement à l’époque : Tueurs Nés d’Oliver Stone, film générationnel violent et dérangeant qui ne supportera pas le poids des années, au point que Quentin Tarantino refuse toujours de le revendiquer en tant que scénariste. Ce reportage ne manque pas de nous proposer le fameux micro-trottoir à la sortie de la projection avec une pléiade de vedettes françaises venues se donner un frisson mais surtout une visibilité. Parmi elles, une se détache clairement pour moi, Pascal Légitimus, avec cette phrase posant une vérité fondamentale : «  De toutes façons les films américains tu coupes le son et y’a plus rien ! ». Bon déjà le mec vient casser l’ambiance. Toute la famille du cinéma embourgeoisée semblait avoir aimé le champagne, et lui, tel un punk dans un salon de thé, fait reposer les petites cuillères. Et en plus, il balance une grosse ficelle de mise en scène du cinéma : c’est le son qui détermine l’émotion.

A cette même époque sur Canal, le premier samedi du mois c’était le soir du porno (enfin mes camarades de classe en parlaient), mais les 3 autres samedis c’était quoi ? Un film d’horreur. J’en loupais pas un. Et je me souviens bien que lorsque la tension était trop forte, face à ces fameuses scènes où l’héroïne descend toute seule dans la cave et qu’on sait pertinemment que quelqu’un va surgir derrière elle dans le noir, il me suffisait de baisser un peu le son pour ne pas mouiller mon pantalon.

Si vous regardez The Walking Dead trop fort dans votre salon, il est probable que votre enfant dans la chambre d’à côté soit dès le générique planqué sous sa couette alors qu’il ne voit rien. Il est probable qu’un sourd devant Les Dents de la Mer soit autant effrayé que devant un aquarium.

Imaginez tout le travail fourni par une équipe de tournage pour faire une scène d’action de qualité avec des supers effets spéciaux et qui pourrait être anéanti par un son ou une musique pourrie. Ce principe m’arrange en tant que compositeur et devrait nous donner la part belle. Pourtant si on se réfère au peu d’argent investi dans le domaine ou si vous avez eu l’occasion d’être sur un plateau de tournage, vous constaterez que « les gars du son » sont loin d’être des stars, ils passent même après les maquilleuses. Alors tout de suite 2 réflexions avant le ShitStorm. Premièrement, bien sûr il peut aussi y avoir « les filles du son » et « les maquilleurs », car oui les films de genre n’ont pas de genre. Deuxièmement on pourrait croire que j’égratigne les maquilleuses mais pas du tout, elle sont essentielles, elles sont les premières psy du monde du spectacle.

Alors comme c’est Halloween j’ai posé une petite musique de peur sur un petit montage de peur à propos d’une blonde perdue au milieu de son jardin et poursuivie par un vilain lubrique qui veut lui voler son cardigan de chez Mango.

Notez bien que sans le son cette séquence n’a d’intérêt que pour la plastique de Carmen Electra alors qu’avec le son cette séquence devient tout de suite…non rien, faut rester humble, Carmen prend toute la lumière quoi qu’on fasse. Légitimus est bien gentil mais les ricains ont beaucoup d’arguments pour ne pas se faire tacler comme ça par un inconnu !

Patamou

Share This