Le remède
On vient de tourner la page de 2020, mais clairement on a l’impression que cette pandémie n’était qu’une période d’essai et que le CDD risque de se transformer en CDI rapidement. C’est probablement le seul CDI qui risque de se signer cette année. Je ne sais pas ce que fout la RH, mais il est évident qu’on préfèrerait qu’elle soit à jour sur la distribution de nos tickets restos que de nous affubler d’un collègue pareil. Bref l’ambiance est autant à la fête qu’une pelle dans la gueule est un acte d’amour! Et pourtant on en aurait bien besoin (pas de pelle bien sûr, à moins de se les rouler).
Le projet «Bamboche» découle directement de ce besoin de festivité. La musique comme une thérapie, la musicothérapie! Cela fait sourire mais les Grecs d’Hippocrate avaient déjà conceptualisé ce principe au Ve siècle av Jean-Claude: soigner avec des sons mais en toge. D’ailleurs vous le faites sans même vous en rendre compte dès que vous écoutez de la musique. C’est rare que vous choisissiez le premier truc qui vous tombe sous le pouce de votre smartphone. Vous faites même vos playlists pour travailler, faire du sport, faire le ménage, l’amour, des mots croisés ou faire dormir les gosses bordel il est déjà 21h30!!!
Adapter la musique à ses besoins est un art. Ça se travaille et tout le monde n’a pas le sens de l’à propos. On a tous un copain ou une copine relou qui vient imposer ses «sons» qui se trouvent être complètement à coté du délire du moment. Se motiver à sortir en boite avec du Léo Ferré par exemple c’est pas possible. Certains vous diraient qu’il n’y a pas d’heure pour écouter du bon son…en fait si. Et justement le bon son c’est celui qui arrive au bon moment. En tant que vieux DJ l’art de trouver la musique qui correspond à l’audience est le cœur du métier. Vous avez celui qui s’adapte et celui qui impose. 2 salles 2 ambiances. Pour un mariage je vous conseille le premier au risque de voir la mariée décorer la cabine du DJ «star» avec le reste de la pièce montée. Faire danser des gens bourrés n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, même incapable de trouver la paille de son mojito du premier coup avec sa bouche, l’être éméché garde des oreilles exigeantes. Bon il est vrai qu’à partir d’une certaine heure, un simple klaxonne de bagnole peut encourager des pas de danses endiablés sur le trottoir du bar.
Si on analyse le titre La Bamboche on trouve plusieurs éléments qui répondent à la nécessité du moment. Déjà le titre n’est pas anodin, il provient de cette itw du préfet de la Région Centre qui adjurait sur un ton autoritaire en direction des jeunes au préalable d’un nouveau confinement: «En revanche on ne fait plus la fête, la bamboche c’est terminé!». Ce terme désuet ringardisait le propos à lui tout seul et soulignait qu’on était surement en train de piétiner des besoins humains irrépressibles. Aujourd’hui le mot Bamboche est presque devenu un cri de ralliement.
Ensuite si on se concentre sur la musique elle même, le titre est à un tempo soutenu de 126 BPM idéal pour danser, sur une base rythmique funk/disco qui donne de la chaleur et enfin avec une section de cuivres (trompette, saxo, trombone) primordiale pour l’esprit festif et positif. On coche alors toutes les cases pour faire la Chenille dans son salon. Mais la période actuelle est plus complexe que de répondre à la nécessité d’être joyeux. On ressent de la frustration, de la rage, de la colère et il faut pouvoir y répondre aussi en purgeant tout ça. Deux choix évidents se présentent alors: on met des guitares criardes en mode Hard-rock/Métal, ou des sonorités Techno agressives. J’ai donc choisi de faire un passage électro qui me semble plus propice à la danse et aussi plus fédérateur. La Chenille ne permet malheureusement pas de faire du Air Guitar!
La musique est un médicament qui permet d’accompagner une humeur mais aussi, et c’est encore plus fondamental, elle permet de transiter vers un état d’être. Rechercher la sérénité, la joie et l’obtenir ne serait-ce que brièvement est formidable. Je me rappelle être allé à mon bac philo arborant fièrement un t-shirt avec une citation de Nietzsche «Sans la musique la vie serait une erreur». Une maxime pas très inspirée mais très inspirante pour moi au fil de ma vie.
Je vous prescris donc un remède pour cette période à base de Bamboche 9CH, 3 fois/jour sur une période infinie. Mes filles en prennent déjà en automédication tous les soirs avant de se coucher pour se donner le sourire. Vous imaginez bien qu’il n’y pas plus grande fierté pour moi!
Patamou