Ça ferait un bon titre !

Déc 3, 2020

 

Trouver un bon titre pour une musique c’est fondamental mais très compliqué. Surtout quand il n’y a pas de parole. Dans une chanson classique on prend simplement le mot le plus fort du refrain, ou le prénom de la copine du producteur. Là, pour de la musique d’accompagnement ou d’illustration, plein de paramètres entre en compte, mais aucune évidence ne s’impose. Le titre ne peut pas simplement servir de rangement dans un fichier excel (titre 1, musique 4, illustration 26 etc..) Il faut qu’il soit utile et qu’il indique quel pourrait être le genre ou la tonalité de l’oeuvre. Mais, s’il est trop descriptif : « piano trompette  » alors ce n’est plus de l’art. S’il est trop long : « piano trompette en 120 bpm » ce n’est toujours pas de l’art et c’est moche !

Trouver un bon titre c’est un vrai casse-tête. À la rigueur quand t’as seulement un album avec 12 morceaux tu peux prendre ton temps et brainstormer avec une école marketing pendant 3 semaines sur un paperboard, mais quand t’en as des centaines, ça devient l’usine. Le dictionnaire des synonymes ne peut pas tout !

Alors au départ on cherche une image qui donnerait l’humeur du morceau. Par exemple j’ai fait des musiques d’orchestration avec des pizzicato, des petites clochettes et de la clarinette donc là on est dans l’image enfantine : « Petite Souris »,  « Cache cache et loulou », « Bip bip et le nounours ». Non je ne compose pas pour Henri Dès. Un thème triste au piano, facile : « les larmes », « Mars Octobre »…et puis à un moment les images deviennent moins précises, plus floues. J’avais un morceau House un peu mollassonne qui me projetait dans une soirée guindée, genre vernissage au champagne, et hop : « Deux coupettes » ! On commence à glisser dans l’auto-dérision. Malheureusement une fois qu’on y a gouté avec le doigt, on plonge la tête. J’ai beaucoup pratiqué je dois dire. J’ai fait dans la godasse pour parler de musique de club un peu vintage avec « Mocassins rock » et « Mephisto Funk », je trouvais ces chaussures symboliques des dancefloors. Les préjugés vestimentaires c’est magnifiiiique !

Et puis à un moment j’ai clairement déconné, comme souvent avec les casse-têtes on a vite tendance à faire des pas de coté et on sort la carte de l’humour total.

Dans la vidéo vous pouvez voir à quoi peut servir une musique sexy comme « Chaud Canapé » dans le même esprit qu’une autre : « Cuir et dentelles ». « Try Enough » c’est un masterpiece hommage à ACDC (voir la vidéo car à l’écrit j’assume pas). Il y a eu aussi cette composition avec une guitare façon Ben Harper mais un peu inquiétante : « Bernard Peur » (oui Bernard revient souvent, c’est une image très forte pour le vintage : « Rockabernard »). On s’approche des étoiles.

Enfin je galérais pour une piste électro qui devait bien mettre la pression. Pression…pff… pression comme une bonne bière pression sans faux-col ? Et hop  « Sanfocol ». Admirez l’artiste !

 

Tous ces morceaux sont mes bébés, il se promènent un peu partout et j’avoue, au delà de la satisfaction du travail reconnu, qu’il y a un plaisir particulier d’imaginer un.e assistant.e de production devoir identifier ces titres parfois sans queue ni tête avec des histoires pas croyables autour. À ce moment là on se sent l’envie de s’éclipser discrètement « sur la pointe des pieds ».

Patamou

Pour se donner une idée du travail « d’écriture », retrouver toute la playlist de cet article ici : https://patamou.com/des-titres-avec-du-sens/

 

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